TheAware : « Il faut prendre au sérieux tous les joueurs car tous ont une chance de gagner. »

TheAware : « Il faut prendre au sérieux tous les joueurs car tous ont une chance de gagner. »

Après cinq semaines de compétition directement au sein du ladder européen, ce sont soixante-quatre joueurs qui vont s’affronter à partir de ce week-end pour décrocher l’une des trois places convoitées au mondial. Treize joueurs francophones ont réussi à se hisser dans le top du serveur EUW pour participer à ce tournoi. Au milieu des visages les plus connus de la scène TFT, tels que Shaunz ou ImSoFresh, il est facile d’oublier les autres qui sont moins sous les projecteurs.

Nous sommes allés à la rencontre de ces qualifiés de l’ombre pour leur poser des questions sur les adversaires qu’ils redoutent, les forces qui leur ont permis de rester dans le top 40, ou encore leur préparation à seulement quelques jours du tournoi.

Les clés du succès : concentration, flexibilité et préparation

Avec un format de qualification qui repose sur la régularité, avec des points marqués chaque semaine en fonction de son classement sur le serveur EUW, chaque joueur qui a terminé dans le top 40 a dû se démarquer en tirant pleinement profit de ses propres qualités. Pour Double61, plus jeune qualifié français à seulement 16 ans, son atout principal est sa concentration : « Ma force dans ce jeu le fait d'être constamment à fond pendant les parties. Je scout le board des autres en permanence et je réfléchis énormément à la composition que je veux jouer tout au long de la partie. »

Le fait d’avoir un mental d’acier est une des qualités les plus importantes afin d’éviter le tilt durant des sessions intenses. Magarky s’exprime à ce sujet : « Je dirais que c'est un de mes points forts, le mental, la capacité à voir qu'un choix était correct bien qu'il n'ait pas fonctionné dans une game dû à des circonstances hors de mon contrôle. » Pour Bränk, ce sont ses proches qui l’ont aidé à garder la tête froide : « Les clés de mon succès sur le jeu sont tout d’abord ma régularité, le fait que je me remette constamment en question et mes amis qui m’ont poussé à ne pas abandonner les qualifications. »

La compétition se déroulant sur plusieurs semaines, les compétiteurs ont dû s’adapter aux différents patchs, faisant de la versatilité une des qualités les plus importantes, bien qu’il s’agisse d’un couteau à double tranchant comme l’explique Qetzer : « Ma grande force en tant que joueur est ma flexibilité au niveau des compositions que je joue. Je m’adapte à chaque partie, mais c'est aussi ma faiblesse car si je fais des erreurs je peux m’emmêler les pinceaux et rater ma composition totalement pour un fast top 8. »

Afin d’éviter ces complications, d’autres joueurs préfèrent la préparation en dehors des parties plutôt que de simplement enchaîner les parties. C’est en tout cas le point de vue de Ackk, qualifié belge : « Je pense avoir été assidu et sérieux dans ma façon d'aborder le jeu, que ce soit ingame ou à l'extérieur, là où, pour moi, la majorité du travail se fait. Étudier et passer en revue son gameplay est plus important que jouer. » C’est une idée partagée par TheAware, le qualifié français qui a fini à la plus haute place : « Je ne spam pas forcément les games comme certains, mais me concentre plutôt sur moins de games pour de meilleurs résultats. »

Un entraînement adapté au sprint final

À seulement quelques jours du tournoi, tous les qualifiés ont dû commencer leur rituel d’entraînement pour se familiariser avec le patch 10.16. Dans cette optique, de nombreux qualifiés ont commencé à faire des parties à 8 sur le PBE pour avoir une longueur d’avance sur la méta : « Je m'entraine sur le PBE avec les autres joueurs français et j'essaye de passer une semaine assez détente quand même pour être reposé », explique Qetzer. Cette volonté de se relaxer après cinq semaines de rush est également partagée par BenVK : « De mon côté, je ne fais que très peu de games par jour jusqu'à mercredi, et je ne joue pas sur le PBE. Mes dernières semaines ont été intenses, faire une sorte de coupure me fait du bien. »

Pour d’autres joueurs, la dernière ligne droite est au contraire l’occasion de se surpasser et de combler ses faiblesses : « J'essaie de me rendre à l'aise avec un maximum de compositions différentes sur le ladder, notamment et surtout celles que j'ai boudé pendant les qualifications. Je passe évidemment aussi beaucoup de temps à étudier des streams. », raconte Ackk.

Regarder les autres streamers est en effet un bon moyen de se faire une idée de ce qu’ils vont jouer. C’est aussi pourquoi Magarky, qui est habituellement en live tous les soirs, a décidé de faire une pause : « Ces prochains jours je vais moins stream, et faire du repérage sur les autres joueurs, leur gameplay, les compos qu'ils jouent. J'ai même recruté un ami pour qu'il m'aide dans cette tâche. »

La discrétion, force ou faiblesse ?

Hormis Magarky, la plupart de ces « qualifiés de l’ombre » ne streame pas régulièrement. Cette particularité peut leur donner un avantage par rapport à d’autres joueurs qui ont l’habitude de diffuser leurs parties devant des centaines de personnes : « Si j'étais à leur place, je ne streamerais pas les qualifications car pour X raisons, ils peuvent être moins performant que d'habitude. », décrit Double61. Pour Ackk, c’est un handicap qu’il est bon de nuancer : « La plupart des joueurs qualifiés s'affrontent depuis le set 1. Tout le monde a une vague idée de comment chacun joue. Je ne pense de toute façon pas que TFT soit un jeu dans lequel on puisse réellement capitaliser sur les informations qu'on aurait sur quelqu'un pour le battre, si l'on fait abstraction des habitudes de positionnement. »

C’est un point de vue qui est partagé par d’autres qualifiés, comme Qetzer qui explique : « Cela me donne peut-être un avantage mais je le pense assez fin, car pour moi les informations les plus importantes sont plus dans la game que en dehors, et il n'est peut-être pas sage de saturer mon cerveau d'informations. » TheAware surenchérit même en ajoutant que « le fait de recevoir des messages d’encouragements ou positifs pour le tournoi par leur communauté permet de contrebalancer les inconvénients. »

Sur le sujet du stream, certains s’y sont déjà essayé, comme BenVK qui raconte avoir avoir déjà diffusé ses parties sur Twitch lorsqu’il était passé rang 1, mais dont la connexion n’est actuellement pas suffisamment stable pour s’y mettre de façon régulière. C’est une situation similaire que vit Double61 : « Si je pouvais stream, je l'aurais fais sans hésiter. » Le fait d’être qualifié à un tournoi majeur peut offrir le boost nécessaire pour aider à décoller sur Twitch, ou en tout cas c’est ce qu’espère Bränk : « Le fait de streamer à plein temps m’intéresse beaucoup, j’ai d’ailleurs déjà commencé. Le plus dur c’est d’être visible aux yeux de la communauté pour pouvoir en vivre, c’est pour cela que je comptais sur les Worlds pour me faire connaître. »

À l’inverse, certains qualifiés préfèrent cloisonner, comme Ackk qui est étudiant en droit à Bruxelles : « Je tiens à garder une barrière entre ma vie privée et le jeu, pour ne pas que ça empiète sur mes projets à l'extérieur. »

La menace vient de l’Est…

Lors du tournoi de qualifications pour le mondial, ce sont soixante-quatre des meilleurs joueurs européens qui vont s’affronter pendant deux week-ends jusqu’à ce qu’il n’en reste que trois. Parmi eux, certains sont davantage craints que d’autres par les différents participants, et plusieurs noms reviennent quasiment à chaque fois. Double61 décrit par exemple : « Les joueurs que je redoute le plus sont les Allemands et les francophones : Salvyyy, DarkHydra, Shaunz et Voltariux. Dans le podium, j'attends au moins un de ces quatre joueurs. »

Les Allemands et les Français sont certainement les plus redoutés, en particulier Salvyyy et DarkHydra qui se sont faits connaître dès les débuts de TFT. Magarky explique ainsi : « Les joueurs que je connais et que je redoute sont Salvyyy et Darkhydra, des joueurs qui ont été dans le top ladder depuis le premier set et qui sont vraiment la référence en régularité. »

Deisik est également un nom qui revient à plusieurs reprises. Le joueur russe s’est qualifié via le circuit CEI, mais jouait précédemment sur le serveur EUW. BenVK le place dans sa liste de joueurs à surveiller, avec les autres meneurs du ladder : « Historiquement les meilleurs joueurs ont toujours été Salvyyy, DarkHydra et Deisik selon moi, et cette saison Luque et Fluffy se sont démarqués donc je penserais à ces cinq là en priorité. » Parmi les Français, c’est surtout Voltariux qui est cité pour sa régularité. Ayant fini en septième position sur quarante, il est le deuxième français le plus haut classé après TheAware.

Ce dernier a toutefois une vision unique sur le statut de favori. Il déclare ainsi : « L’atmosphère d’un tournoi change beaucoup de celui du ladder, certains joueurs peuvent perdre leur moyens comme d’autres peuvent se transcender. Donc je dirais qu’il faut prendre au sérieux tous les joueurs car tous ont une chance de gagner. »



Nous remercions chacun des participants pour avoir pris le temps de répondre à nos questions. Pour ces joueurs qui n’ont pas forcément une communauté aussi importante que les figures de proues françaises de TFT, il sera important d’aller les soutenir dès ce week-end. Vous pourrez les retrouver sur les différents streams et les encourager tout au long du tournoi, en espérant que l’un d’entre eux aille suffisamment loin pour représenter les couleurs de la France (ou de la Belgique) lors du mondial. La finale sera quant à elle commentée sur O’Gaming le dimanche 16 août à partir de 14 heure.